Londres, le 6 octobre 2010
Bonjour mes petits chatons !
Je vous envoie une petite bafouille de Londres où nous sommes bien arrivées hier soir ! Eh bien voilà, je crois que cette fois ça y est… Nous nous sommes élancées sur La Route des Algonautes. Nous partons faire un tour du monde à la rencontre des personnes qui utilisent l’algue… pour quoi déjà ? Ah oui… pour « innover et proposer des solutions d’avenir pour les générations futures». Quel programme !
Ça alors, j’ai un peu de mal à réaliser… Quand nous avions évoqué cette idée avec Anne-Gaëlle il y a quelques mois, j’étais loin de penser que cela deviendrait concret ! Mais quelle drôle d’idée ! Et quelle utopie ! Entre nous… Anne-Gaëlle pense qu’il y a beaucoup de potentialités avec les algues. Pour le moment, elles m’inspirent peu : à part les marées vertes, les algues toxiques et les échouages de goémon (1) qui embaument l’atmosphère et font fuir les touristes, je ne vois vraiment pas à quoi elles servent…
Les derniers jours avant le départ, un seul refrain en tête : « Mais pourquoi j’ai dit oui ! ». Et il y avait tellement de préparatifs ! Le jour du grand départ a fini par arriver… Départ de la Pointe du Raz presque à l’heure prévue (évidemment, changement de sac à dos de dernière minute pour Anne-Gaëlle…) et arrivée de bonne heure à l’aéroport de Brest-Guipavas… jusque là tout va bien.
Découverte de cet endroit, ma foi c’est très ordonné. On m’a demandé de m’enregistrer. J’ai demandé où était le micro, ils ont fait des yeux ronds. Anne-Gaëlle m’a tirée par la manche et nous sommes allées jusqu’à un comptoir où se tenait une demoiselle de prime abord bien sympathique. Elle le fut beaucoup moins à l’instant où elle me demanda de retirer mes aiguilles à tricoter de mon sac et de les abandonner à Brest. Ce premier incident m’a presque fait renoncer. C’est vraiment très ennuyeux car je pensais tirer profit de toutes ces heures de vol pour tricoter des pulls aux couleurs des drapeaux des différents pays traversés.
(Anne-Gaëlle, en aparté : il fait 35°C là où on va Jacqueline…)
En attendant le départ, nous avons mangé un petit morceau (petit car la contrariété m’avait coupé l’appétit). Et à quelques minutes du départ… la surprise ! Les amis de Chrysalide, de l’IUEM et du Cap sont venus nous dire au revoir ! Cadeaux porte bonheur et grosses bises, que d’émotions ! Et je savais bien qu’il fallait que je parle dans un micro à un moment ou à un autre : Guy de Radio Evasion m’a enregistrée dans la petite boîte pour passer sur les ondes ! « C’est gentil d’être venu interviewer Jacqueline mon mignon (2)! ». Ce gars-là avait fait le tour du monde il y a une dizaine d’année, il était parti à la rencontre des bretons du monde, il nous a passé le relais en quelque sorte ! Merci !
Bon je serais bien restée flepper (3) sur le quai mais on m’a dit qu’il fallait que je me dépêche d’embarquer. Hop-là ! Quelques cascades en prenant l’escalator en marche arrière pour faire de grands coucous, un portique à faire sonner, quelques contrôles de billets, un grand couloir, le terre-plein et… le grand escalier ! (Ne me poussez pas… je fais encore quelques grands signes à mes amis et j’y vais !).
C’était la première fois que je prenais l’avion. Brest-Londres, un petit échauffement avant le vol long courrier demain ! Une petite heure de vol que nous avons occupé à papoter (à défaut de tricot). Mais au fait c’est quoi une algue ?
Eh bien ça commence bien ! J’ai découvert que le mot « algue » n’est pas vraiment un terme scientifique : il semble qu’il soit utilisé pour regrouper des organismes très différents. Ainsi par exemple, j’ai appris qu’il y avait 2 grands groupes d’algues :
1. les microalgues, qui font partie du plancton et qu’on ne peut pas voir à l’œil nu (elles sont microscopiques, mais chez nous on prononce « microscopic »)
2. et les macroalgues ; au début j’avais écrit maquereau-algue, mais j’ai corrigé : je travaillais dans une conserverie de poisson, si ce genre de bestiole avait existé, j’en aurais été informée ! Les macroalgues sont généralement fixées sur des supports et ce sont les grosses algues de la plage.
Quand Anne-Gaëlle a commencé à me parler de cellules et de divisions, j’ai préféré regarder les nuages. Je ne comprends pas le chinois moi ! J’ai juste retenu qu’il y avait différentes couleurs d’algues :
– des vertes (ah celles-là, on les connaît bien !)
– des rouges
– des brunes
– des bleues !Bon là j’ai définitivement arrêté d’écouter Anne-Gaëlle qui racontait n’importe quoi, certainement à cause de l’altitude ou du mal de l’air ! Des algues bleues ! Attention voilà Gargamel ! Ah Ah Ah !
Anne-Gaëlle a boudé jusqu’à Londres.
Quand nous sommes arrivées, je lui ai dit que je croyais à ses histoires d’algues schtroumpf mais c’est surtout parce que je ne voulais pas qu’elle me laisse toute seule pour le changement d’aéroport !
Après deux bus, quelques tunnels et escalators, nous nous sommes installées dans un hôtel à proximité de l’aéroport d’Heathrow pour attendre le vol de demain. (Peut-être encore le temps pour essayer de rentrer à la nage ?)
Bon j’avoue que je ne réalise pas tout à fait… pour l’instant je ne comprends pas ce que les gens disent autour de moi. Quant à Anne-Gaëlle, elle plane ! Elle a sauté de joie quand elle a vu la liste des films qui passeront ce soir dans l’avion, tous ceux qu’elle a raté au ciné cette année. Je me demande si elle réalise…
A très bientôt mes petits chatons !
1 goémon : terme utilisé en Bretagne pour désigner les algues
2 mon mignon : expression douarneniste de courtoisie utilisée lorsque le locuteur veut manifester son affection, avec une connotation : «et je connais bien ta grand-mère»
3 flepper : expression douarneniste désignant l’activité physique pratiquée de façon intensive afin d’éviter toute paralysie de la langue