Actualités 2014


Jacqueline Algane, pour vous servir !

  • Jacqueline <cri strident> : AAAANNE-GAAAAAËLLEEEEE !!!!!!!!!
  • Anne-Gaëlle : Hein ? quoi ? Qu’est ce qui se passe ?
  • Jacqueline <volume maximal> : ça ne va pas du tout !!!!
  • Anne-Gaëlle : Mais d’où tu sors toi ? ça fait des mois que je ne t’ai pas vue ! Et peux tu baisser d’un ton, le son sature là !
  • Jacqueline : Je viens de passer sur le blog : c’est affreux, il y a de la poussière partout, c’est affreux, affreux, affreux !
  • Anne-Gaëlle : Ben quel culot ! Tu es marrante… Tu n’as qu’à venir m’aider dans les dossiers et la synthèse de tout ce qu’on a ramené !
  • Jacqueline : Mais je travaille aussi ! Je creuse la question pour chaque lettre de mon abécédaire. Mais le blog est tout vide ! On dirait qu’il ne se passe rien ! Il faut faire quelque chose.
  • Anne-Gaëlle : Bon c’est vrai qu’on avance plutôt à la rame pour la comm’. Mais on ne s’ennuie pas non plus : depuis le début chaque urgence en chasse une autre… Et puis il y a plein de choses qui ont été faites, tu le sais bien.
  • Jacqueline : Oui, moi je le sais ! Mais nos amis lecteurs ne sont peut-être pas au courant de tout ce qui s’est passé.
  • Anne-Gaëlle : Bon, OK. Je te propose de faire deux nouvelles pages de blog : un bilan du projet avec le recul de 2014 et puis un bilan des actions engagées, ça te va ?
  • Jacqueline : Ben évidemment ! Il était temps ! Tu vois, il a encore fallu que je vienne te le dire !
  • Anne-Gaëlle <soupir> : Jacqueline… si tu continues comme ça, je vais surtout avoir de l’inspiration pour écrire ton épitaphe et un hommage posthume, si tu vois ce que je veux dire…
  • Jacqueline : Oh ça va… Bon il est passé où Goéman ? J’ai des choses à lui dire à lui aussi…

Note de Goéman : C’est bon, je suis là ! J’arrive ! Le blog est mis à jour avec 2 nouvelles pages : 

– La page “Publications” dresse la liste des actions engagées autour de la Route des Algonautes depuis le début de l’aventure jusqu’à aujourd’hui : publications, missions, conférences, articles, vidéos, etc., mais aussi résultats non prévus et projets en cours ;

– La page “A l’origine” revient sur l’histoire de la Route des Algonautes, à travers les inspirations, les convictions et les étapes ayant permis à la petite idée de devenir projet puis réalisations concrètes. 

L’aventure continue, à suivre !

Elles sont de retour !

discrètement...

criiii… <porte qui grince>

” Chutt ! Enlève tes tongs, ne fais pas bruit ! Oh ben dis donc c’est vraiment resté en l’état depuis qu’on l’a laissé… Allez viens on va remettre tout ça en ordre.

BAOUM !!! <porte qui claque> 

oups…

– Non mais c’est bon Jacqueline, allume la lumière. De toute façon, je crois que les lecteurs ont remarqué que nous n’avions pas mis le blog à jour depuis un moment !” 🙂

Z comme Zen !

Londres, jeudi 30 juin 2011

Jacqueline Algane, pour vous servir !

Ca alors… Même pas le temps de fignoler le texte de “E comme Ecosystème”, de creuser la question des Fucoïdanes, de rédiger un guide des Guest House, que nous voilà de retour à l’aéroport de London Heathrow d’où nous étions parties le 5 octobre 2010… C’est Incroyable, nous sommes déjà le 30 Juin 2011, une année scolaire s’est écoulée. Dans nos sacs et nos mémoires, nous ramenons des Kilos de souvenirs gravés dans d’autres Langues. En 9 Mois, Notre Odyssée sur la route des Algonautes nous a conduit à travers 16 Pays. Notre Quotidien c’était les Rencontres, les Surprises, les heures dans les Transports et tellement de découvertes et de bonheur. Un jour Anne-Gaëlle m’a posé un Ultimatum car elle trouvait que je ne tenais pas bien le journal de bord du Voyage sur le blog. Mais même en essayant de remonter le temps en franchissant la ligne de changement de date au-dessus du Pacifique, on ne peut pas tout faire et le temps passé à raconter sa vie n’est pas celui consacré à la vivre : les opportunités de découvertes et de rencontres pour notre quête de solutions étaient bien trop belles pour les laisser passer et nous revenons donc en France avec des Wagons d’histoires à vous raconter sur les algues et les Hommes. Il nous tarde de partager notre eXpérience par tous les réseaux possibles. J’aperçois à présent à l’horizon beaucoup de travail à venir, une nouvelle étape enthousiasmante, la compensation CO2 de notre voyage, la diffusion de toutes ces belles découvertes. Il semble que ce ne soit que le début ! En ce qui concerne mon premier bilan de voyage : Youpi j’ai réussi mon pari ! Il me tarde de revoir René et Ernestine ! Et allez… il faut bien que je l’avoue et ça reste entre nous : j’ai un peu changé d’avis sur les algues et le développement durable. Tout ce que j’ai découvert me rend bien optimiste et c’est une Jacqueline très Zen qui revient parmi vous !

Et si on allait plus loin que le blog pour partager tout cela ? Chiche ? Ah, il ne faut pas me la faire celle-là ! 🙂

L’aventure continue !

Je vous embrasse très fort et vous dis à très bientôt mes petits chatons,

Jacqueline Algane

D comme … Dortoirs

Jacqueline Algane, pour vous servir !

Bonjour mes petits chatons !

Pour la lettre D, j’avais tout d’abord pensé à D comme Didier car c’est le prénom de mon coiffeur et toujours celui que je choisis lorsque je dois épeler. Mais, malgré tout son talent, je ne vais pas pouvoir faire très long sur mon coiffeur et les algues. Quoique je me demande si tous ces extraits d’algues ne seraient pas utiles pour remédier au problème de calvitie de René, mon copain du club d’informatique. Argh… « Cheveu » j’aurais dû développer ce mot à la lettre C mais Anne-Gaëlle m’avait chipé la lettre. Donc revenons à la lettre du jour et je choisis « D… comme dortoirs ».

Au début de cette aventure, je m’inquiétais de savoir où nous allions dormir. Nous n’amenions même pas de tente avec nous ! Et ma foi, à part quelques nuits (une trentaine ?) dans les trains, bus, avions, voiture, nous avons la plupart du temps dormi au chaud ou au frais dans des lits. Nous avons eu la chance de loger en cité universitaire, dans des « guest houses » tout confort d’universités ou de centres de recherche, en chambres d’amies ou d’enfants d’Algonautes (MERCI infiniment à eux !). Et parfois nous dormons dans des auberges de jeunesse ou des hostels. Auberge de jeunesse, voilà un endroit que je n’aurais peut-être pas spontanément visité à mon âge. Avantage d’être imaginaire ? Non, non je croise des personnes de tout âge ! Et on accepte même les Jacqueline dans le lit du haut des lits jumeaux des dortoirs. Alors les dortoirs, nous en avons vu quelques uns maintenant et nous nous considérons un peu comme spécialistes ès qualité de sommier. Nous cohabitons avec d’autres voyageurs. Nous pourrions faire bien plus, mais nous avons testés jusqu’alors une concentration maximale de 12 bac-pèqueurs par dortoir (inutile de préciser… ça sent parfois le fauve le matin !). Nos chequottes sont parfois un peu précipités (la faute à qui ?!) et nous ne prenons pas de photo à chaque fois mais voici en images un petit aperçu de nos petits chez-nous provisoires sur la route.

  • Anne-Gaëlle (off) : Bac-pèqueur ? Chequotte ? Qu’est ce que c’est que ces nouveaux mots ? Aaah… ça y est j’y suis ! « Backpacker  » ! le mot anglais pour les voyageurs porteurs de sac à dos ! Et « Check out  », la remise des clés de sortie ! Dis-donc Jacqueline, ne deviendrais-tu pas un peu « too much » dans ta façon de t’exprimer ? 😉
  • Jacqueline : Je m’adapte ! Je fais de mon mieux pour apprendre ces langues étrangères ! Et bac-pèqueur, c’est aussi le nom donné à ces endroits d’ailleurs !

Dortoir australien

Dortoir australien, la suite

A Iquique, Chili

Iquique, suite

A Rio, Brésil

A Florianópolis, Brésil

Pour finir, le dortoir depuis lequel j'écris, à Chicago !

Alors ça peut avoir l’air un petit peu… en pagaille au premier abord. Ce fut ma première réaction et j’ai eu un succès fou avec les gars lorsque j’ai fait les lits de tout le monde au début. Des voyageurs heureux de trouver une Tata Jacqueline en route. Il a fallu que j’arrête sous pression de la dame de l’hostel : elle était embêtée mais ça risquait de passer comme travail illégal !

Pour revenir au côté fouillis, il faut savoir que tout est important et a une utilité dans le sac à dos ! Du coup, généralement, même quand on ne passe qu’une nuit dans un endroit, on installe très vite son bazar dans son espace dédié. Anne-Gaëlle lève les yeux au ciel lorsque je scotche sur le mur les photos de mes neveux et de la baie de Douarnenez mais c’est tout de suite tellement plus chaleureux ! Parfois nous trouvons des coins sympathiques et nous décidons d’allonger notre séjour quand le planning le permet. Parfois c’est l’inverse… et nous levons le camp plus vite !

Et dans ces lieux, il ya du monde de partout ! De tous les âges, des touristes, des locaux, des globe-trotters chevronnés qui ont déjà fait trois fois le tour et ne s’arrêtent pas de tourner, des étudiants, des travailleurs, etc… De belles rencontres en  plus de tous les Algonautes que nous croisons sur notre route. Et dans ces cas-là, nous ne sommes pas les seules à poser les questions ! Il faut savoir qu’il existe 5 questions d’identification pour briser la glace. Les « Comment tu t’appelles ? », les « Quel âge as-tu ? » et autres « Sais-tu à combien est le cours de la langoustine en ce moment ? » arrivent bien plus tard (et parfois jamais).

Allez, un petit coup de Jeopardy, c’est à vous de trouver les questions tout seul à partir de mes réponses (dans l’ordre et à ce jour!) :

  • France
  • Brésil, Perou, Chili, Nouvelle-Zélande, Australie, Singapour, Thaïlande, Philippines, Indonésie, Malaisie, Japon, Corée du Sud, Chine, Inde
  • 8 mois
  • Etats-Unis, Canada
  • 1 mois

 Et comme il y a en général beaucoup de monde dans ces hostels et que j’oublie à qui j’ai déjà posé le top 5, en général je redemande au petit déjeuner suivant « Redis-moi tout mon mignon ! »

Tiens… et si pour mon prochain projet j’ouvrais une auberge de jeunesse à Douarnenez 🙂

Dans les D, il y aurait aussi beaucoup à dire sur :

Dunaliella, Départ, Décalage horaire, Développement durable, Drôle d’idée

C comme…

Salut, c’est Anne-Gaëlle. Une fois n‘est pas coutume, je pique la plume de Jacqueline pour m’exprimer un petit peu. Jacqueline se plaint qu’on ne diffuse pas assez vite ses articles mais comme ça elle aura le temps de revoir la lettre « C… comme Carraghénanes » pour la compléter avec tout ce qu’elle a vu sur la route depuis décembre et la publier dans « P… comme Phycocolloides ».

Bon à mon tour… Cela fait un bon moment que je pensais publier un petit mot, du genre « bilan de mi-parcours » pour le côté symbolique. Mais la moitié s’est vite faite rattraper par les deux-tiers, puis les trois-quarts… Bientôt je serai rentrée que le blog sera toujours en Australie ! Alors voici un numéro spécial en direct de Rio de Janeiro au Brésil à l’occasion du 224e jour du voyage, soit 45 jours d’ici le retour à Brest le 1er juillet !

C… comme Chiche !

De la drôle d’idée au départ, du départ aux rencontres, des rencontres aux exemples qui fonctionnent… Le résultat dépasse mes espérances. Chiche ? Oui ça valait le coup de tenter ce pari, d’acheter un billet tour du monde et de partir avec le sac rempli de doutes mais vide de pression, en se disant que si ça ne marchait pas, si c’était trop dur, s’il n’y avait plus de budget, il n’y avait qu’à rentrer, les regrets eux se seraient envolés. Derrière la lourde porte de l’inconnu et des incertitudes, il y avait en fait des sourires, des découvertes concrètes, des rencontres magnifiques, des soutiens chaleureux enveloppés de soie, de coton ou de laine de lama… enfin de quoi stocker des barils d’espoir. Au fur et à mesure des kilomètres parcourus et des impacts d’échanges fugaces ou plus loquaces, le curseur n’a cessé de grimper sur l’échelle de l’optimisme.
On ne part pas en quête de solutions si à la base il n’y a pas un problème et le notre, ce désordre global, est plutôt balaise dans le genre. On parle de développement durable. L’ampleur de la tâche est énorme. On commence par quoi ? Remplacement des minerais ou des énergies fossiles, développement d’un mode de vie plus serein, nécessité d’alternatives économiques, développement d’une vision globale internationale, promotion de l’éducation à la citoyenneté, prise de conscience du rôle de chacun,… énumérer est impossible, il y a tant de défis et pas de quoi se tourner les pouces. Pas de temps à perdre non plus. Ça tombe bien : comme nous serons bientôt près de 7 milliards d’humains sur Terre, ça fait un paquet de neurones à activer et beaucoup de surprises en perspective.

Chiche de relever le défi du développement durable ? Bien sûr que oui ! Et avec fun en plus. Je suis de plus en plus convaincue. Cette drôle d’espèce qui est la notre, pleine de défauts et de non-sens, est tellement riche de créativité que tous les éléments semblent réunis pour être acteurs d’un scénario positif et gagner le grand prix de la génération décisive. Ce n’est pas un discours d’idéaliste, c’est plutôt le principal bilan du C… de Chanceuse. La Chanceuse que je suis a le bonheur de rencontrer et de passer du temps avec des acteurs de changement et d’alternatives. Face à leurs problèmes, ils se retroussent les manches, entreprennent et trouvent des solutions… et la plupart du temps sans se prendre au sérieux et avec le sourire. Tout semble possible à leurs côtés. Entraînée dans leur sillage, impossible d’aller à contre-courant, l’avancée se fait forcément vers le pôle POSITIF : les problèmes deviennent des défis, les efforts du dépassement, les petites avancées de grandes victoires, les erreurs de l’apprentissage. C’est un cercle ambitieux. A moins que les conséquences de l’entraînement dans une spirale euphorique ?
Bon, c’est tout de même étrange, il doit bien y avoir une explication biologique à ce syndrome d’optimisme… Est ce une réaction immunitaire ? Une stimulation de la production d’endorphines au contact des Algonautes ? Y a t’il un risque de développer une dépendance au positivisme ? Pourvu que les symptômes durent très longtemps !

  • Jacqueline (off) : non mais Anne-Gaëlle si c’est pour écrire des énormités pareilles, je te confisque le  stylo… Faudrait tout de même rester réaliste !
  • Anne-Gaëlle : Mais Jacqueline, les Algonautes qu’on a rencontrés, ce n’étaient pas de bonhommes en mousse que je sache ! Et les innovations qu’on a pu découvrir sur le terrain ce ne sont pas des hologrammes !
  • Jacqueline : Soit… j’ai bien vu tout ça, mais on est tellement nombreux et nos besoins augmentent tellement vite…
  • Anne-Gaëlle : Nous avons trouvés et rencontrés des Algonautes qui travaillent sur les algues. Mais des personnes formidables, ça doit exister dans tous les domaines ! Tiens, je te renvoie à nos références ! 80 hommes pour changer le monde, 100 pionniers pour la planète, Le tour du monde des Energies, 81 femmes…
  • Jacqueline : Bon d’accord.
  • Anne-Gaëlle : Hein ?!! Tu es d’accord avec moi ???
  • Jacqueline : Pas avec toi… avec eux ! Oui c’est très plaisant de côtoyer ces Algonautes et à en juger par l’amélioration de l’élasticité de ma peau, je dois bien admettre que les bonnes ondes de ces Algonautes ont de puissants effets anti-âge! Il va falloir qu’on se dépêche de partager la formule au retour !
  • Anne-Gaëlle : OUI ! On y travaille !

Le sac est de plus en plus lourd de sens mais les ailes que nous donnent ce projet nous portent pour aller plus loin. Finalement Jacqueline et moi n’avons pas rebroussé chemin et celui qui nous éloigne du Cap Sizun se réduit à présent : le virage autour du globe s’est effectué au dessus du Pacifique lors du vol Auckland-Santiago. (Jacqueline off : tu parles d’une journée ! elle a duré 40 heures !). Le décalage horaire se réduit et semble nous ramener dans la même dimension : avec cette impression de partager le même soleil, on apercevrait presque la maison à l’horizon.

C… comme Caméra

Quand j’avais été chercher la caméra avant de partir, Christian du magasin m’avait dit « et voilà le bijou ». C’était clairement ça : toute petite caméra dont l’acquisition après plus d’un an de préparation faisait entrer le projet dans le concret. Un vrai bijou, j’étais loin de me rendre compte de sa valeur.

Lorsqu’en Nouvelle–Zélande, on m’a annoncé « elle est morte », au delà de la contrariété et de la remise en question de la suite du projet, j’ai ressenti de la peine. Bien sûr il faut relativiser : c’est matériel, ce n’est pas grave. Soit. Mais j’étais triste de perdre ma meilleure amie de voyage. Ça semble un peu bizarre d’écrire cela mais elle a joué un rôle majeur dans l’aventure : c’est grâce à elle que j’ai pu vivre et capter toutes ces belles rencontres. Lors des discussions avec les Algonautes, elle a été protectrice aussi lorsqu’à plusieurs reprises elle m’a permis de me cacher (oui bon… comment dire ? débordement lacrymal provoqué par ce qu’exprimaient les Algonautes…). Courageuse également pour les plans improbables que nous avons tentés… et ratés. Et discrète lorsqu’elle s’est effacée pour m’offrir des moments de voyage rien qu’à moi.

 Tête à tête avec ma petite caméra malade sur les bords du Lac Taupo

Elle est posée là dans ce décor naturel majestueux et tout d’un coup… c’est cette incroyable technologie et capacité de miniaturisation que l’être humain a été capable de développer qui ma saute à la figure. Il y a eu en des cerveaux, des heures et des recherches pour mettre au point un tel outil. Je n’avais jamais cherché à comprendre comment elle fonctionnait. Je l’avais juste utilisé, consommé. A cet instant, j’ai symboliquement voulu rendre hommage et exprimer ma considération à ceux qui avaient créé ma caméra chérie en observant une minute de silence. Cela n’a pas été possible en raison de la présence d’environ 250 canards autour de moi mais, sans parler couramment le canard, ils semblaient clairement exprimer que si l’Homme a été capable de tels développements, alors, il n’y a aucune raison pour qu’on ne trouve pas les moyens de développer des technologies qui respectent les canards (et tous les autres maillons des écosystèmes). (à suivre bientôt, la lettre de Jacqueline : E…comme Ecosystème).

Bon ce n’est pas le C… de Canard, revenons à la Caméra. Je la trouve très belle et je n’imagine pas la jeter. Encore une drôle d’idée ou une inspiration liée à la foule des Anatidae mais à force de baigner dans le concept du développement durable et de rencontrer des personnes qui transforment leur problème en nouvelle ressource, j’essaie de réfléchir dans le même sens. Qu’est ce que devient l’objet une fois qu’on a fini de l’utiliser ? C’est du plastique (donc du pétrole), des composants divers, des métaux… Comment on recycle ? Hmm…  à suivre.

 Retour anticipé à Auckland pour régler le problème : la route des Algonautes c’est une quête de solutions, eh bien voilà un exercice pratique ! Après avoir exploré les recoins de mon cerveau et d’internet, la solution viendra la veille du départ… d’un coup de chance et d’un enchaînement de décisions express. Dernier coup de fil à un magasin, Paul vérifie la réserve et m’annonce la « couleur » (= prix = Paul est un chic type), puis dernier sprint pour sauter dans le bus et arriver au dernier moment avant la fermeture. Je saute sur Paul (sens figuré) et j’adopte la sœur jumelle de ma caméra. La nouvelle recrue dans l’équipe Algonaute avait jusque là mené une carrière de modèle dans une vitrine. Jugée dépassée par les nouvelles tendances, elle avait été dernièrement écartée du podium. Personne n’avait voulu d’elle… pour mon plus grand bonheur ! La petite recrue s’est parfaitement adaptée à tous les accessoires (on est modèle ou on ne l’est pas) et son arrivée dans l’équipe a été dignement fêtée un soir de St Patrick à Auckland. Tandis que nous décollions d’Auckland dès le lendemain et continuions notre route vers l’Amérique du Sud, la jolie caméra cassée est quant à elle rentrée en France dans son écrin… après 10 pays et 5 mois et demi de bons et loyaux services. Bijou au sens propre ou au sens figuré ? 🙂

 PS : message pour Christian : Paul a le C de Chic type mais tu gardes le C de Chercheur Chouchou de Caméra sur mesure ! 🙂

C… comme Chrysalide, coopérative d’activités et d’emploi

Etape-clé dans la préparation du projet : découvrir Chrysalide (merci à Pierre Mollo et à Bernard Jaouen !) et développer une activité de médiatrice scientifique autour du projet La Route des Algonautes. Bienvenue dans l’Economie Sociale et Solidaire !

Chrysalide

Chrysalide c’est une SCOP. Kezaco ? Les coopératives d’activités et d’emploi® sont une alternative à l’entrepreneuriat classique et proposent à des porteurs de projets de vérifier et développer leur activité sans créer juridiquement une entreprise avec un statut d’entrepreneur salarié. Elle propose un hébergement juridique, fiscal et comptable ainsi qu’un accompagnement individuel et collectif pour développer des compétences liées à la fonction d’entrepreneur, partager et échanger sur cette expérience dans un contexte coopératif et mutualiste.

En gros, c’est un endroit où des Scopains et des Scopines qui veulent entreprendre indépendamment se regroupent pour réussir ensemble. L’union des entrepreneurs-salariés fait clairement la force dans une ambiance orchestrée par Colette et Franck, les co-gérants (qui doivent avoir au moins 80 cerveaux chacun), où tout est fait pour faciliter l’entreprenariat !

Pousser la porte de Chrysalide à l’époque du Jury Défi Jeunes m’a fait l’effet du frigo magique d’une pub télé des années 80 (oui, celui-là même qui était porte d’entrée du paradis des crèmes glacées et que j’ai commandé chaque année au Père Noël). Enfin quand je dis le même effet, c’est bien sûr en version chaleureuse et réaliste, et appliquée au monde du travail : les alternatives économiques existent,  l’entreprenariat peut être solidaire, le travail peut être un plaisir. Dans ce monde parallèle à l’ultra-libéralisme, la drôle d’idée Algonaute a pu bénéficier d’un accompagnement personnalisé et d’un trempoline pour aller plus loin au niveau professionnel.

Celui qui a récupéré le paquet c’est Patrick Gardet (http://www.territoire-en-projets.org/), consultant en Economie Sociale et Solidaire : depuis juillet 2010, il m’a accompagnée et aidée à faire rentrer le projet dans des cases  (parce que ça dépend ça dépasse !) et à mûrir la réflexion aussi : du projet  de « césure », la Route des Algonautes est devenue professionnalisation et a même commis de premières missions de consultante au cours du voyage comme à Chiloé avec le Conseil Général du Finistère ou avec le Parc Marin d’Iroise. Patrick connaît tout le dossier et est le correspondant en France de la Route des Algonautes. info@routedesalgonautes.org. Merci Patrick et merci Chrysalide !

Bon pour l’instant je rate toutes les réunions trimestrielles, mais promis je ramène des recettes à base d’algues à faire déguster aux Scopains !

Et puis, petit à petit on devient moins petit, et pour ceux qui seraient curieux d’en savoir plus sur ce système, il y a le livre d’Elisabeth  Bost, l’inventeure des Coopératives d’Activités et d’Emploi ! « Aux entreprenants associés : la coopérative d’activités et d’emploi »

C… comme Couteau suisse

Utilisation quotidienne. Rien à ajouter, il est déjà complet. Magnifique cadeau des amis avant le départ. Ah si… malheureusement, nouvel et dernier épisode.

Il vient de terminer sa carrière Algonaute à Lima par ma faute. J’avais perdu l’habitude de prendre l’avion et dans un départ un peu précipité, j’ai oublié de le faire passer du bagage à main au bagage en soute. Trop tard lorsque je m’en suis rendue compte,

Lors du contrôle sécurité, gros déchirement lorsque mon couteau a dû rejoindre le club des ciseaux moches et autres objets coupants d’étourdis. Bon il va peut-être falloir me résoudre à arrêter d’harceler l’aéroport pour récupérer mon couteau lors de mon étape transit à Lima pour éviter d’autres embrouilles anti-terroriste.

Une Caméra Cassée, un Couteau Confisqué, on va vite passer à une autre lettre avant d’avoir un truc Chourré !! Allez je laisse le mot de la fin à Jacqueline.

Merci bien aimable, vu la tartine que tu as postée, je crois que j’ai tout intérêt à faire court… C’est dommage car dans les C il y aurait beaucoup à dire sur Chine, Corée, Chili, Chiloé, Composés bioactifs, Cryopréservation. Mais je choisis le

C… de Country

Mais non pas la musique Country, je parle du mot anglais pour « pays » ! Sur la route on nous demande très souvent where we are from (d’où nous venons). A chaque fois, j’explique en sortant la carte pour bien montrer que Ploaré est en France. Eh bien, honnêtement, à l’évocation du pays, je n’allais pas jusqu’à espérer « Ah…le kouign amann !» mais  je m’attendais plutôt à «  Ah… le camembert et le vin rouge ! ». Eh bien non, ce qui revient à travers le monde c’est « Ah… Carla Bruni ! ». J’ai bien compris que les temps changent !

in-the-plane

B comme… biocarburants !

Note de Goéman : deuxième extrait du courrier de Jacqueline : voici la lettre B !

Jacqueline Algane, pour vous servir !

B… comme Biocarburants.

Biocarburants : eh bien voilà un mot qui revient très régulièrement dans nos échanges avec les Algonautes. Rendez-vous compte : ça a même été mon cadeau d’anniversaire le 25 novembre dernier ! Nous étions alors en Corée du Sud, accueillies par le Pr Gwang Hoon Kim et son équipe, et hébergées royalement dans la guest house de l’Université de Kongju !

L'équipe du Pr. Kim

Tiens encore un Algonaute rencontré en congrès pour Anne-Gaëlle. Elle était surexcitée à l’idée de voir ce labo « en vrai » et m’avait juste dit sur le chemin : « Tu vas voir c’est magique ! ». Pour une scientifique, je m’attendais à plus de pragmatisme. Mais quand Tatyana Klotchkova m’a fait voir sur l’écran de télévision ce qu’elle voyait sous son microscope, j’avoue que je suis restée bouche bée. Quoi donc ? Hahaha ! Suspense, l’explication devrait arriver à la lettre L. Oui parce que là tout de suite, je vous parlais des biocarburants et on ne va plus rien comprendre si on mélange tout !

Quel séjour riche en découverte et en rencontre ! Grâce au soutien du Prof. Sung Min Boo rencontré à l’Université de Chungnam, nous avons pu accompagner Kyeong Mi Kim, doctorante dans son laboratoire, à un colloque à Incheon sur les biocarburants à base de microalgues et de macroalgues. Cela va vous surprendre mais j’étais très contente car depuis notre départ en octobre dernier, car cela me travaille depuis un petit moment et j’ai accumulé beaucoup de questions sur le sujet !

L'équipe du Pr. Boo

Flash-back, retour en Inde, entre 2 vols en octobre 2010

  • Dis-donc Anne-Gaëlle, on vient de commencer mais je trouve qu’on prend beaucoup l’avion quand même… Il me semble qu’à la TV ils ont dit que c’était le transport le plus polluant. Pour un voyage « développement durable », tu n’es pas trop en phase là ?
  • Mmmh… oui c’est vrai. Je suis admirative de ceux qui partent à pied ou en vélo comme Vincent, mon collègue de la dernière promotion Défi Jeunes Bretagne, porteur du projet Resilience (www.resiliencevincent.fr) qui de Brest va rejoindre le Népal en vélo. Je ne suis pas assez courageuse mais si j’avais su que tu y tenais… Enfin on va mettre quand même beaucoup plus de temps en bicyclette… Tu n’es pas pressée d’avoir les réponses à nos questions ?
  • Oh tu sais, ton alogodélire c’est toujours le prétexte, moi je veux voyager. Mais j’ai l’impression que notre action contribue à aggraver les problèmes pour lesquels on cherche des solutions…
  • Je sais Jacqueline, je sais… Heureusement les élèves de Pascale Mougin à Cléden Cap Sizun sont là pour nous aider ! On leur transmet les détails de tous nos trajets et ils calculent les distances et la compensation CO2 du voyage. Tu sais, c’est la compensation de nos déplacements par une contrepartie financière qui sert à développer des projets « développement durable ». On choisira ensuite ensemble un projet à financer.
  • Dis moi, c’est bien joli tout ça mais ça ressemble bien à une invention de bobos ça encore… C’est une belle idée pour les gros salaires cela !
  • Ah Jacqueline, tu me poses un gros problème et je n’ai pas de vraie réponse… Je peux juste te dire que nous avons inclus cette compensation CO2 dans le budget, mais j’espère que sur la route on trouvera encore mieux pour demain…
  • Oui mais aujourd’hui, imagine si tout le monde faisait comme nous !
  • Je sais Jacqueline, je sais… Mais il faut que je t’avoue un truc tout de même. Je fais face à un « conflit interne » sur le sujet. Je sais que le déplacement en avion est très polluant mais en même temps, je ne peux pas m’empêcher de trouver cette invention magnifique ! Tu te rends compte, on peut voler ! C’est quand même formidable, non ? C’est impressionnant de voir la technologie que les humains sont capables de développer, tu ne trouves pas ?
  • Oui, je te vois venir, tu vas me parler de progrès ! Mais avec le progrès, on a aussi vu les quantités de poissons diminuer, la couche d’ozone ou je ne sais quoi se percer, des ruisseaux être pollués… et j’en passe. Je bois de l’eau contenue dans des bouteilles en plastique, et il paraît qu’on mange des aliments toxiques ! Chaque année on nous sort une nouvelle maladie ! C’est du n’importe quoi ! Alors, le progrès, non merci, je n’y crois plus. Sur ce point là non plus tu ne pourras pas me dire le contraire, c’était mieux avant !
  • Jacqueline, c’est dur ce que tu dis. Effectivement il y a eu des erreurs d’aiguillage dans le passé, mais le contexte était différent. Et si c’était ces erreurs qui nous permettaient d’avancer mieux maintenant ; une fois que le diagnostic est établi, c’est plus facile de chercher des remèdes, non ? Jacqueline, à 10, 20 ou 30 ans, on veut parler du futur, de solutions et d’espoir ! Et puis, avoue, tu le testes par toi-même ce bonheur de voyager et de rencontrer, non ? Tout le monde devrait avoir cette chance, tu ne crois pas ?
  • Ben dis-donc qu’est-ce qu’on peut avoir comme discussions casse-tête quand même ! Ça va être comme ça tout du long ?
  • C’est toi qui a lancé le sujet Jacqueline ! Et peut-être que les algues nous permettront aussi de réparer certains dommages ? ^^
  • Eh bien c’est ce qu’on va voir… (soupir)

Alors que je vous raconte un peu l’enquête que j’ai menée depuis cette discussion. Nous avons rencontré beaucoup de chercheurs qui ont parlé de « biofuels » que l’on pourrait fabriquer à partir de microalgues et de macroalgues.

A Chennai, nous avons eu l’occasion de rencontrer les fondateurs de la start up Sea6 Energy. Cette jeune équipe dynamique développe la culture offshore (loin du bord, là où on n’a plus pied, mais vraiment plus !) de macroalgues pour différentes applications, dont la production de biofuels. Mais tout d’abord, qu’est ce qu’un biofuel ? Sayash Kumar, un des co-fondateurs de Sea6 Energy, m’a expliqué tout ça :

  • Sayash Kumar : Jacqueline, pour faire rouler ta voiture, tu vas faire le plein de carburant à la station et tu remplis le réservoir avec de l’essence ou du diesel. C’est ce carburant qui en brûlant donne à ta voiture l’énergie d’avancer. Ce liquide est issu du pétrole. Le pétrole est une substance très chouette car elle contient beaucoup d’énergie. Il y a environ 100 ans, on a découvert cette substance enfouie dans la Terre et on l’a rapidement utilisée pour développer de nouvelles inventions… La découverte a rapidement mené au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui – des voitures, des avions, des bateaux pour voyager, des matériaux qui nous servent à tout faire, des jouets, des chaises, des emballages, et plein d’autres choses. Le pétrole est un formidable cadeau de la Terre !
  • Jacqueline : Mais si ce pétrole fonctionne si bien pourquoi changer de système alors ?
  • Sayash Kumar : Malheureusement, il y a des problèmes liés à son exploitation. A chaque fois qu’on extrait et utilise le pétrole de la Terre, on modifie l’air autour de la Terre. Ce changement conduit à une élévation de la température de l’air autour de la Terre (l’atmosphère). C’est ce phénomène qu’on appelle le réchauffement climatique. Si le climat change, cela risque de rendre les conditions de vie sur Terre bien plus difficiles pour les humains. En plus, récemment, le pétrole est devenu de plus en plus difficile à trouver et il y en a de moins en moins à l’intérieur de la Terre. C’est inquiétant car le pétrole est la « nourriture » de notre monde moderne industrialisé. Sans pétrole, il sera difficile de faire marcher le monde tel qu’il est actuellement.
  • Jacqueline : Mais avec tout ce progrès et ces connaissances, est-ce qu’on ne pourrait pas fabriquer nous même du pétrole ?
  • Sayash Kumar : Hé… tu as raison Jacqueline ! Pour trouver plus de pétrole, on a tout d’abord essayé de comprendre son origine. Figure-toi que le pétrole provient de végétaux qui vivaient il y a des millions d’années ! En se retrouvant enfouis, ces débris végétaux ont été transformés chimiquement en pétrole à cause des conditions environnementales à l’intérieur de la Terre ! Au cours des 70 dernières années, les Hommes ont inventé des façons de faire du carburant à partir d’à peu près toutes les sortes de plantes ! Cela sera peut-être une solution pour le futur si nous arrivons à faire pousser des plantes, année après année, sans épuiser la Terre de ses richesses. Ce carburant, qui est fabriqué aujourd’hui à partir de plantes cultivées, est appelé biocarburant.
  • Jacqueline : C’est formidable ! On a trouvé une solution alors ?!
  • Sayash Kumar : Il reste encore quelques problèmes… Pour produire suffisamment de biocarburant pour faire fonctionner le monde tel qu’il est, nous avons besoin de cultiver énormément de plantes et d’utiliser beaucoup d’eau, une denrée qui se raréfie sous certaines latitudes. C’est un grand défi car la population augmente et nous avons aussi besoin de produire énormément de nourriture ! Les scientifiques et les ingénieurs à travers le monde essaient de trouver une façon de produire l’un sans compromettre la production de l’autre. Et il y a énormément de potentiel dans les algues. Nous serons peut-être capables de cultiver des microalgues et des macroalgues pour notre carburant dans le futur, une fois que nous disposerons d’un système permettant une production importante de matière végétale ainsi qu’un protocole efficace d’extraction et de transformation en biocarburant. Ce travail est très important car c’est une des quelques voies par lesquelles nous serons peut-être capables de continuer à faire fonctionner le monde tel qu’il est actuellement.
  • Jacqueline : Merci beaucoup M. Kumar, j’en sais beaucoup plus sur le sujet à présent ! Vous avez l’âge de mes petits neveux, vous permettez que je vous appelle mon petit chaton ?
  • Anne-Gaëlle : JACQUELINE !!!

Avec tout cela en tête, j’étais bien préparée pour la suite. Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis devenue une spécialiste, mais à présent lors des conférences, comme à Incheon en novembre, j’ai pu comprendre environ un mot sur deux sans m’endormir. Les algues présenteraient beaucoup d’avantages : certaines espèces se multiplient très rapidement, elles peuvent utiliser des sources industrielles de CO2, les espèces marines ne nécessitent pas d’apports d’eau douce, qui est elle aussi si précieuse, … et j’en passe. Et j’ai bien compris les enjeux. Financiers aussi ! Il y a beaucoup d’équipes qui travaillent sur le sujet dans le monde et il y a eu beaucoup d’investissements lors des dernières années. Beaucoup d’équipes ont mis au point des protocoles. Mais pour l’instant, aucune production n’est économiquement viable. Il faut trouver un moyen de produire beaucoup, beaucoup de matière première végétale, ce que les chercheurs appellent la biomasse car nous consommons beaucoup, beaucoup d’énergie…

Anne-Gaëlle et moi en consommons particulièrement beaucoup et nous ne comptons plus nos heures de vol. Nous privilégions les moyens de transport par surface : train, bus, bateau… (et marche !) mais notre dilemme refait régulièrement surface dans les aéroports : mais généralement au moment où nous nous disons « On arrête ? On rentre à la maison ? », nous changeons immédiatement d’avis ! Mes petits chatons, il faut que je vous dise aussi que ce voyage nous réserve de magnifiques surprises et des solutions concrètes ! Tiens par exemple, dans les B, il y aurait beaucoup à dire sur la Bioremédiation ! Ça sera pour une prochaine fois.

Dans les B, il y aurait aussi beaucoup à dire sur :

Bioactifs, Bague, Bujna,…

Bujna

Bujna, étudiante en thèse avec le Dr Reddy au CSMCRI à Bhavnagar. Elle nous attendait sur le quai de la gare à Ahmedabad avec un grand sourire.

Biocarburants : eh bien voilà un mot qui revient très régulièrement dans nos échanges avec les Algonautes. Rendez-vous compte : ça a même été mon cadeau d’anniversaire le 25 novembre dernier ! Nous étions alors en Corée du Sud, accueillies par le Pr. Gwang Hoon Kim et son équipe, et hébergées royalement dans la guest house de l’Université de Kongju !

Jacqueline est de retour !

Chers algolecteurs, le facteur est passé hier ! Le pauvre a sué sur son vélo pour nous ramener tout le courrier de Jacqueline. Eh oui, elle a pris la plume, et y avait un joli petit paquet de feuilles.Tout ça c’est du sérieux ! Elle est en train de nous refaire une encyclopédie version algonautes, ou plutôt une algopedia 🙂 Je vais vous retranscrire tout ça au fur et à mesure… parce qu’il y a de quoi faire ! Vous comprendrez mieux en la lisant :

Jacqueline Algane, pour vous servir !

Mon cher petit Goéman, Je t’envoie une petite carte postale que je joins à ma petite bafouille sur le voyage. Je me suis appliquée pour raconter ces découvertes, j’espère que tu apprécieras. Il y a 15 pages. J’espère que tu manges bien pour être en forme pour tes missions et que tu penses à mettre ton écharpe. Tata Jacqueline t’envoie de gros poutous.

Semporna, le 30 décembre 2010

Bonjour mes petits chatons !

Me revoilà ! J’espère que vous avez tous passé un merveilleux Noël et que le Père Noël était en grande forme ! Eh bien de mon côté, à part l’ultimatum que m’a lancé Anne-Gaëlle, je dois dire que tout va pour le mieux. Ce tour du monde ne ressemble pas tout à fait à ce que j’avais imaginé et il y a bien un peu de fatigue accumulée sur la route, mais nous circulons à présent en Asie du Sud-Est et ce nouveau décor aux teintes turquoises est magnifique.

Comme vous le savez, Anne-Gaëlle m’a lancé un nouveau défi : je dois tout vous raconter d’ici la fin de l’année ! Elle est marrante : je suis moi aussi apprentie globe-trotteuse et on bouge tout le temps ! Je vous assure que je pense bien à vous et que j’adorerais vous raconter toutes mes rencontres. Mais voilà, à quelques heures de la fin de l’ultimatum, il faut que je trouve une solution. Sinon je vais me retrouver dans l’avion Kuala Lumpur-Douarnenez avant d’avoir vu 2011 !

Tout vous raconter serait impossible et je ne suis pas une adepte du résumé (mais enfin, comment voulez vous parler correctement de quelqu’un sans situer sa généalogie jusqu’à la troisième génération ?!). Mais comment faire pour relever le défi (et surtout ne pas perdre la face) ? Et tadaaa ! A force d’épeler mon nom sur la route, une idée m’est venue. Je vais vous faire un petit abécédaire de la Route des Algonautes, version Jacqueline !
Futé non ?

A comme Algue !

Aaaah les algues ! Le sujet de notre voyage. Comme vous le savez, au début je n’étais vraiment pas convaincue. Alors je ne vais pas aller jusqu’à dire que je suis complètement séduite mais je dois admettre que certaines algues seraient plus intéressantes que je ne le pensais.
Notre passage en Chine, en Corée et au Japon a été une grande aventure culinaire pour ma part. Oui, j’avais dit qu’il était hors de question je mange des algues… mais comme je ne déchiffre pas les kanjis et que je n’ai pas réussi à identifier ce qu’il y avait dans mon assiette, c’est à mon insu que j’y ai goûté. Alors oui, quand je me suis resservie une troisième fois et qu’ils m’ont dit qu’il s’agissait d’algues, j’ai bien dû admettre que certaines algues sont délicieuses. J’ai découvert des saveurs magnifiques et il y a quelques recettes que je testerais bien sur René et Ernestine !
Outre les Algonautes, j’ai eu l’occasion de discuter avec des personnes du pays et c’est fou de voir comme les algues sont populaires là-bas ! Les algues font partie intégrante de l’alimentation humaine depuis des millénaires et les personnes avec qui j’ai eu l’occasion de discuter m’ont parlé avec passion de leurs vertus thérapeutiques et nutritionnelles. Et quelle surprise de découvrir qu’ils mangent aussi des algues vertes ! Au Japon j’ai goûté une soupe Ao-nori délicieuse, préparée avec de l’ulve, cette espèce qui cause les marées vertes chez nous. Je me demande où je vais retrouver toutes ces saveurs quand je vais rentrer ? Est-ce que je vais devoir aller me fournir directement sur la plage du Ris lors des marées vertes ?

Anne-Gaëlle : Non non Jacqueline ! Tu peux consommer des algues récoltées localement sans problème mais il ne faut pas ramasser celles qui ne sont plus fixées à leur support car elles ne sont plus dans de bonnes conditions. Le mieux c’est que tu participes à un stage ou à un atelier de cuisine. Tu apprendras plein de recettes. Tiens, tu pourrais aller au stage organisé à l’île de Sein par Simone de Cap vers la Nature et Dany de Gant Pebr Tro War Dro par exemple ! C’est super sympa et si on est sur la route aujourd’hui c’est grâce à leur soutien ! Et puis si tu as la flegme de cuisiner, tu trouveras toujours des produits tout fait ! Mais Jacqueline, tu ne te rappelles pas ? Avant le départ ? Scarlette Le Corre nous a aussi soutenu dans notre projet et nous a offert des produits pour le verre de l’amitié qui avait suivi les présentations publiques et la conférence de presse. Ah mais oui, c’est vrai, tu n’avais pas voulu goûté… Ben tu trouveras tout ce qu’il faut quand tu rentreras, au Guilvinec ou sur internet !

Rayon "algues" d'un supermarché à Nagasaki au Japon
Rayon "algues" d'un supermarché à Nagasaki au Japon
Algues dans le métro à Pusan en Corée du Sud
Algues dans le métro à Pusan en Corée du Sud

Dans les A, il y aurait aussi beaucoup à dire sur : Alginates, Agar, Aéroports, et bien sûr :

 

Arunjit
Arunjit, étudiant en thèse du Pr Sahoo qui nous a filé de sacrés coups de main lors de notre séjour à Delhi
Adibi
Adibi, coordinateur en charge du développement du programme national de culture d’algues en Malaisie. Nous avons eu la chance de le suivre pendant quelques jours sur le terrain dans son travail à l’interface entre les professionnels, les chercheurs et l'État, etc. C’était bien sympathique ce travail sur le terrain ! (Regardez moi cette photo ! Ces deux-là ont pris une pause Téléachat au moment où je l’ai prise !)

Note de Goéman : la suite arrivera d’ici peu, bientôt, la lettre “B” débarque sur vos écrans en sortie mondiale !

Filet de Jacqueline à l’indienne

Note de Goéman : Jacqueline a visiblement quelques problèmes avec la technologie. On vient de recevoir à l’instant son dernier message, mais pas par mail, non, ce serait trop simple !  C’est donc un pigeon voyageur qui vient de m’amener le récit de ses dernières découvertes… Faut pas s’étonner si ça a mis du temps à venir. Promis le prochain coup, elle enverra un télégramme ^^

Jacqueline Algane, pour vous servir !

New Delhi – du 7 au 10 octobre 2010

L’arrivée

Nous avons décollé de Londres à 17h35 et nous sommes arrivées en Inde après 8h de vol à 6h20. Je n’ai rien compris au décalage horaire mais j’ai réglé ma montre comme il faut. C’est un peu comme un gros changement d’heure d’été où on règlerait le thermostat en même temps. Il fait à peu près 30°C ici. En arrivant, on pouvait apercevoir le soleil derrière une espèce de brume.

A la sortie de l’aéroport, quelqu’un de l’université nous attendait avec un panneau “Anne-Gaëlle” (et Jacqueline), très sympathique comme accueil ! Et découverte d’un nouvel environnement ! Ben elle est où la ceinture de sécurité ? Ah il n’y en pas, « Pas besoin, a dit le chauffeur, la voiture est protégée ». D’accord, mais elle inclut Jacqueline ton assurance ? Bon allez en voiture !

Oh mais il y a plein de toutous dans le coin ! Ah tiens… il y a des vaches qui se sont échappées d’un champs. A peine de le temps de découvrir ce nouvel environnement que nous voilà déjà arrivés à la Aravali International Guest House de la Jawaharlal Nehru University.

Nous partageons la chambre avec 2 lézards  de compagnie : Anne-Gaëlle voulait leur donner des noms, moi c’était plutôt des coups de balai. Mais bon ils étaient là avant nous ! Repos et dîner à la guest house en compagnie d’un Népalais, d’un Russe et d’un Japonais. Nous avons mangé un thali : il s’agit d’un assortiment de plats : du riz, du pain (chapati) et 3 petites coupelles contenant une préparation épicée, une autre préparation très épicée et un yoghourt. Et avec cela, j’ai pris de l’eau, beaucoup d’eau. Anne-Gaëlle m’a dit « tu vois, ils sont branchés « algues » dans le pays ! » car « Thali » c’est aussi le nom qui est utilisé pour designer certaines algues en Bretagne, les grandes laminaires brunes.

Bon je suis un petit peu déphasée, la faute au décalage horaire paraît-il… Alors après le dîner, un spasfon et au lit !

Le premier Algonaute

Le lendemain matin, pas de temps à perdre, nous entrons dans le vif du sujet ! Et oui, même si je ne suis pas convaincue, je vais remplir ma mission et essayer de découvrir ce qui motive ces Algonautes !

Nous rencontrons le Dr. Sahoo : il dirige le laboratoire de biotechnologie marine d=au sein du département de botanique de l’université de Delhi. Le Dr Sahoo a déjà écrit plusieurs livres sur les algues. Voilà donc à quoi ressemble un Algonaute ! Eh bien à première vue, rien ne laisse supposer cette particularité. Dinabandhu Sahoo est très enthousiaste et également très convaincu par les potentialités des algues. Avec son équipe, il travaille à la fois sur les macroalgues et les microalgues et sur plusieurs thématiques : la culture des macroalgues, les biocarburants avec des microalgues, la séquestration du gaz carbonique par des algues…

Alors pour tout vous dire je recopie mes notes mais je ne comprends pas du tout ce que cela veut dire. Anne-Gaëlle dit que nous aurons l’occasion d’en reparler au cours du voyage. Je dis oui, mon cerveau ne s’est pas encore mis à l’heure locale!

Alors j’ai commencé par lui poser des questions de base et celle qui m’intrigue le plus : pourquoi travailler sur les algues ? Selon moi, ce ne sont pas des végétaux très intéressants et il faut être un peu tordu pour se passionner pour des choses gluantes…

Le Dr Sahoo m’a dit que les algues jouent un rôle très important sur Terre… Moi qui pensais que le rôle principal des algues était de faire fuir les touristes. Il m’a expliqué que, comme tous les végétaux, les algues réalisent la photosynthèse. A cet instant, j’ai refait une visite virtuelle de l’hôpital et je me demandai bien dans quel service on pouvait avoir une photosynthèse… Mais avant que je n’aie le temps de poser la question, le Dr. Sahoo a précisé que pour se nourrir, les végétaux utilisent du gaz carbonique et rejettent de l’oxygène. Le gaz carbonique c’est le fameux dioxyde de carbone CO2 dont on entend parler dans la réclame pour les voitures. Et l’oxygène, c’est celui-là même dont nous avons besoin pour respirer (pour être précis c’est du dioxygène O2). La photosynthèse n’est donc pas un examen médical mais un phénomène biologique qui se produit chez les végétaux. Anne-Gaëlle m’a proposé d’en reparler lors d’un prochain vol. Je dis oui, je tiens à bien gérer mon énergie. Eh bien, lors de cette discussion à Delhi, j’ai appris que plus de la moitié de l’oxygène de l’atmosphère de notre planète est produit par les algues (microalgues et macroalgues) ! C’est énorme !

Le Dr Sahoo m’a également dit qu’il y a 3,8 milliards d’années, les premiers végétaux qui sont apparus et ont réalisé cette fameuse photosynthèse étaient des algues : elles étaient les seules à savoir faire cela et en ont profité pour proliférer et occuper le terrain… pendant 2 milliards d’années ! Avec tout ça, elles ont transformé leur environnement car en piégeant le dioxyde de carbone et en rejetant du dioxygène, elles ont permis l’établissement de l’atmosphère et de la couche d’ozone sur la planète. Bon… je veux bien faire un effort pour faire croire que je les crois mais je reste dubitative… je me demande bien qui sont les témoins de l’époque !

Le Dr. Sahoo a ajouté aussi que les algues sont là la base de la chaîne alimentaire. Comme les algues fabriquent leur propre nourriture grâce à cette fameuse photosynthèse, elles n’ont pas besoin de manger d’autres organismes. Par contre elles constituent de la nourriture pour des animaux. Les microalgues vont être mangées par des animaux microscopiques. Tout ce petit monde microscopique constitue le plancton qui est en suspension dans la masse d’eau : le phytoplancton c’est la partie végétale et le zooplancton c’est la partie animale.

Mais ce n’est pas fini, le zooplancton qui a mangé le phytoplancton (vous suivez ?) sert ensuite de nourriture pour des animaux plus gros qui seront eux-mêmes mangés par plus gros qu’eux. Et les macroalgues aussi sont à la base de chaine alimentaires car elles vont être « broutées » par d’autres animaux.

Mais alors… ça voudrait dire que les sardines et les maquereaux que je mettais en conserves à l’usine, c’est parce qu’il y avait des algues qu’on avait pu les pêcher… ça alors, quand je vais dire ça à Ernestine !

Eh bien pour une première rencontre, voilà déjà beaucoup d’éléments ! Et en rentrant, je me suis rendue compte que j’avais encore plus de questions ! S’il faut des algues pour avoir du poisson, comment se fait il qu’il y a de moins en moins de poisson ? Alors qu’en plus, il y a de plus en plus d’algues vertes !

Finalement, il me tarde de voir ce que me dira le prochain Algonaute.

Bon entre temps, je vous assure que nous n’avons rien demandé mais nous nous sommes retrouvées dans une autre chambre et dans celle-là, « y’a pas de lézard ! ». Je sais à présent d’où vient cette expression.

Les impressions

Pendant qu’Anne-Gaëlle profite de ces quelques jours à Delhi pour organiser son séjour en Inde avec l’aide du Dr Sahoo, je me familiarise avec ce nouvel environnement.

Qu’est ce qu’il est joli ce campus, on se croirait à la campagne ! Et il y a des écureuils dans tous les coins ! Il y a beaucoup de toutous aussi mais ce ne sont pas des toutous à grattouilles. Ils sont plutôt du genre indépendant et ils n’ont pas l’air de remarquer notre présence.

Il y a un petit marché à l’entrée du campus : c’est bien différent du marché hebdomadaire de chez nous, mais j’aime tout autant y aller, je goûte plein de choses sans savoir ce que c’est, c’est un peu l’aventure ! Bon je garde la bouteille d’eau à portée de main les épices transmettent à l’intérieur la chaleur de l’extérieur!

Nous avons pu découvrir la ville aussi. Lors d’une sortie de nuit à Delhi, nous avons vu le palais présidentiel, les ministères,  et… l’Arc de Triomphe ? Anne-Gaëlle m’a fait de gros yeux. Pff, comme si elle savait ce que c’était ! Après renseignement, ce beau monument est l’India Gate, la porte de l’Inde. Il a été construit entre 1921 et 1931 pour commémorer les soldats indiens morts lors de la première Guerre Mondiale et lors des guerres afghanes.

Parfois pour nous déplacer, nous hélons un autorickshaw. Des autorickshaws nous n’en avons pas en France : il s’agit d’une sorte de tricycle motorisé couvert reconnaissable aussi à leur vert et jaune. Et il y a un truc que j’ai bien compris : le chauffeur triple le prix normal lorsque nous sommes toutes seules sans ami indien. Taquin, va ! Ça tombe bien, j’aime bien jouer, Anne-Gaëlle me laisse gérer et en général, 2-3 clins d’œil plus tard, le chauffeur redevient raisonnable avec Tata Jacqueline ! Pour conclure sur l’autorickshaw, j’aime bien le principe, c’est pratique, sympatique et facilement reconnaissable mais ça secoue les rhumatismes ! Ouillouillouille !

Ah ce que j’aime le plus, c’est l’élégance à tous les coins de rue. J’ai beau voyager avec ma plus belle jupe, je dois me rendre à l’évidence, je suis un laideron à côté de toutes ces femmes en sari. Toutes ces couleurs, ces bijoux et ces regards forts… Elles sont magnifiques !

En ce moment à Delhi ont lieu les Jeux du CommonWealth (je sais ce que c’est maintenant !). Nous n’avons pas assisté aux compétitions mais nous avons pu les suivre dans plein d’endroits : il y a toujours une télé allumée ! D’autant plus que l’Inde est seconde pour le moment, juste derrière l’Australie ! C’est un événement spécial, tout est très sécurisé et de grands panneaux colorés décorent la ville. Mais en passant en voiture, j’ai cru voir des enfants derrière…

Sinon je vois toujours les vaches mais je ne vois jamais les champs… Nous partons demain pour l’Ouest du pays, la région du Gujarat, mais nous serons de retour à Delhi à la fin du séjour.

Cap à l’Ouest ! Direction la région du Gujarat – du 11 au 14 octobre 2010

Voilà, c’est parti pour notre premier déplacement en Inde. Nous voyageons par train de nuit. C’est Anne-Gaëlle qui a pris cette décision et honnêtement je ne suis pas très emballée. Je sens que je ne vais pas fermer l’œil de la nuit et que je vais être cassée de partout demain matin…

En attendant le départ

Nous avons rejoint la gare en prenant le métro, nous étions dans le compartiment spécial « ladies » ! A peine arrivées à la gare, dans la salle d’attente elle aussi réservée aux ladies, nous voilà encerclées d’une douzaine de fillettes qui reviennent d’un voyage scolaire. Elles nous touchent, nous disent que nous somme belles (ah le succès du long nez en Asie !), nous apprennent l’hindi, veulent échanger nos numéros de téléphone. Eh bien, ça fait plaisir ! L’une d’entre elles nous fait remplir son cahier de meilleures amies. Les questions vont du signe astrologique à « quel est ton chanteur préféré ? ». Malheureusement elle ne connaît pas Franck Michael. A la question « quelle est ta plus grande peur ? », je lui retourne la question. « Terroristes ». Sa réponse directe et en me regardant droit dans les yeux me cloue le bec. Douche froide pour Anne-Gaëlle. Moi aussi sur le moment, j’ai peur, peur de voir s’assombrir ces si jolis yeux.

Elles sont toutes très belles. Shubhangi veut être pilote, Balika sera médecin, Rajeshwari architecte. Quoi ? Le train est déjà là ? Je n’ai pas vu le temps passer en compagnie de mes nouvelles copines. Au revoir, Danisha, Laxmi, Seema et toutes les autres. Merci pour ce moment et plein de bonnes choses à vous.

La nuit du rail

Nous nous installons dans le train. Nous avons la couchette du haut. (Oui… Anne-Gaëlle se promène avec un personnage imaginaire (moi) mais ne va tout de même pas jusqu’à réserver deux billets de train). C’est Mira du Kazaksthan qui occupe la couchette du bas. Mira a un secret. Forcément. Sinon comment peut-elle faire 20 ans de moins que son âge, dégager autant de sérénité, être si intéressante, drôle et douce ? C’est une fée. Je ne vois pas d’autre explication. Elle me prête un de ses écouteurs pour écouter la musique de chez elle, je suis le mouvement de ses mains qui dansent gracieusement au rythme de la musique. Branchée sur le canal relaxation, je suis à présent sur répondeur, ne pas déranger. Au fait, que fais tu en Inde, Mira ? « C’est mon dixième séjour en Inde. Je viens passer un mois en stage. Je suis prof de yoga dans mon pays».

Mais Anne-Gaëlle, pourquoi tu n’as pas inclus le Kazakhstan dans l’itinéraire de la Route des Algonautes ? « Promis, le prochain tour du monde, on le fera sur les médecines douces ! » me répond elle avec un clin d’œil. Humm, massages, Tai chi, acupuncture, médecine chinoise… ce ne serait pas possible de changer le thème du voyage dès à présent et de faire la route des relaxonautes, une quête du bien-être ? Mais à dire vrai, maintenant que nous avons commencé à gratter le sujet, je commence à être de plus en plus intriguée par ces algues.

Et c’est en rêvant du Kazakhstan et de cette prochaine destination que je me suis endormie. Je me suis réveillée à 6h du matin lorsque le délicieux thé tchai a été servi. Juste avant que Mira ne descende du train. Au revoir Mira et merci pour ce moment. Rendez-vous sur Facebook ! C’est incroyable mais je me sens fraîche et pimpante, le train m’a bercée toute la nuit.

Plus que 4 heures de train et nous serons arrivées à Ahmedabad. Bon j’avoue que la perspective d’aller dans des endroits à peine listés par les guides touristiques ne me réjouit pas trop. Je ne suis pas sûre que ça impressionne beaucoup Ernestine et René tout ça. C’est vrai qu’on vient de commencer mais je trouve qu’on travaille beaucoup et qu’on ne fait pas beaucoup de tourisme.

  • Tu sais, c’est souvent quand tu te retrouves dans des endroits moins touristiques que tu as les plus belles surprises ! » m’a dit Anne-Gaëlle.
  • Bon ben j’espère qu’on verra au moins le Taj Mahal !
  • On n’est pas là pour faire du tourisme Jacqueline ! Tu étais prévenue ! »

A l’arrivée à la gare d’Ahmedabad, nous avons été accueillies par un grand sourire et des brassées de gentillesse : Bujna, doctorante dans le laboratoire du Dr. CRK Reddy nous attendait. Plus que 3 heures de voiture et nous serons à Bhavnagar.

Flash-back

Arrivée dans l’après-midi, Anne-Gaëlle retrouve le Dr. Reddy. Ils s’étaient rencontrés en 2007 lors d’un congrès à Kobé au Japon. Quelques années plus tôt, CRK avait fait sa thèse dans le laboratoire du Pr Fujita à Nagasaki. Anne-Gaëlle se trouvait en stage dans ce même laboratoire à l’époque du congrès.

Mais là, « Pause » ! Il faut qu’on m’explique un truc… C’est quoi cette histoire de congrès ? Vous, les chercheurs, vous n’êtes pas plutôt censés faire des expériences dans des laboratoires et trouver des trucs ? Ne serait-ce pas une excuse pour faire des cafés-blablas avec les copains ces congrès ?

J’ai posé la question à Anne-Gaëlle. A son regard, j’ai senti que la réponse allait être soporifique. Elle n’a pas pu s’empêcher de revenir sur la démarche scientifique dans sa globalité : se poser une question, rechercher ce qui a été fait sur le sujet, émettre des hypothèses, élaborer et réaliser des expériences, analyser les résultats et communiquer. Pour ce dernier point, les chercheurs publient leurs résultats dans des revues, mais pas celles de la maison de la presse ! Ce sont des revues scientifiques où les articles sont rédigés en anglais. Il paraîtrait même que les chercheurs sont évalués en fonction du nombre de leurs publications et des revues dans lesquelles ils publient.

Les autres chercheurs peuvent ensuite s’appuyer sur les résultats publiés dans ces journaux pour mener leurs propres recherches (et ainsi ne pas ré-inventer l’eau chaude (en gros)). Eh bien pour faire bref, les congrès seraient aussi l’occasion de présenter les avancées des recherches, d’échanger et de nouer des contacts pour établir des collaborations internationales : tout cela permettrait d’avancer plus vite pour trouver des solutions à certains problèmes. Mais bon, en fait, je voulais juste savoir si les chercheurs vont au karaoké ensemble quand ils se retrouvent.

Enfin en tout cas, CRK Reddy et Anne-Gaëlle étaient très contents de se revoir et ils sont partis à toute vitesse dans le laboratoire pour regarder des fioles, des algues et des posters. Ah les posters… Voilà autre chose ! Quand j’entendais parler de posters, je me demandais si les chercheurs avaient besoin de décorer leur laboratoire avec les images de chevaux au galop ou de chanteurs célèbres pour être inspirés. Mais, ce n’est pas du tout le genre de poster que j’imaginais (même si certains ont des décorations très originales dans leur bureau). En fait, ils réalisent eux-mêmes leurs posters, avec une fibre artistique plus ou moins développée… et devinez quoi ? Ce sont des affiches qui synthétisent leurs résultats scientifiques et qu’ils présentent dans les congrès ! La communication !

Un nid d’Algonautes !

Nous ne restons pas longtemps à Bhavnagar et le lendemain de notre arrivée, c’est une journée intense qui s’annonce dans cette ville. Le centre de recherche que nous visitons s’appelle le CSMCRI, Central Salt & Marine Chemicals Research Institute et ses activités étaient à l’origine concentrées sur l’eau de mer et l’obtention d’un sel de qualité.

CSMCRI

Anne-Gaëlle a couru toute la journée d’un Algonaute à l’autre. Elle a tout d’abord rencontré le Dr Pushipito Gosh, le directeur de l’Institut qui a très généreusement répondu à toutes nos questions.

Puis nous avons rencontré Dr Mody, Dr Mishra, Dr Kannan : microbiologistes, biologistes, chimistes, ils sont chercheurs à l’Institut. Et là je vais avoir du mal à vous raconter tout ce qui s’est dit : ça parlait de biocarburants, de bioremédiation, de culture d’algues, de noms bizarres, de pigments, de plastiques, d’algues vertes et j’en passe… J’ai eu du mal à suivre et pendant qu’ils discutaient entre passionautes, j’ai joué au jeu des sosies : j’ai croisé Bernard Tapie.

Ensuite, il a fallu se dépêcher car Anne-Gaëlle présentait son projet devant tout le monde. Alors je ne suis pas très calée en anglais mais j’étais obligée de sourire en entendant l’accent breton ! Et le petit côté dynamique, ça vient d’où ? Ah oui, elle n’a pas eu le temps de passer aux toilettes !

En tout cas qu’est ce qu’ils sont gentils ici ! Nous faisons le plein de sourires et nous avons même eu des cadeaux. Décidément ils sont forts pour me laisser sans voix dans ce pays…

Magie de Bhavnagar

Mais maintenant comment je vais faire… Comment je peux vous raconter ce que j’ai vécu ce soir-là à Bhavnagar ?

Ça a commencé fort avec cette célébration : des chants magnifiques interprétés par une communauté de personnes originaires du Bengale.

J’étais déjà séduite par le flot de sourires et de gentilles paroles, alors me mettre un joli poupon dans les bras, c’est se retrouver avec une Jacqueline toute fondue.

Ensuite, je n’ai pas compris où nous allions. Et nous voilà confiées à un couple d’étudiants, que j’appellerai respectivement « Prince » et « Princesse » par la suite. Rien à voir avec une pub pour le yaourt mais ce couple-là était aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Mon prince et ma princesse m’ont prise par la main et m’ont conduite dans une enceinte magique.  Et là… comment décrire, les photos n’étaient pas permises dans cet endroit. Alors imaginez tous les impressionnistes réunis pour réaliser une toile immense. Ce qu’il me reste lorsque je ferme les yeux, ce sont les lumières, les visages ultra souriants, les vêtements aux couleurs chatoyantes, des danses aux rythmes incroyables, des mouvements gracieux, des pieds nus foulant ou effleurant la poussière, de l’effervescence. Ça explose, ça pétille, ça virevolte, ça vibre, et dans l’atmosphère du bonheur, de la joie, une incroyable légèreté et du partage.

« AG : Jacqueline, arrête, tes lecteurs vont croire que tu as pris une substance hallucinogène… Et c’est vraiment le genre de suspicion qu’on va éviter, si tu veux bien !»

Non, non, pas besoin de ça… Mes petits chatons, j’avais juste envie de partager avec vous une part de ce gâteau de bonheur multicolore.

Combien sont-ils ? 1000 ? 5000 ? 20000 ? Plus ou moins qu’aux Vieilles Charrues ? Dans l’allée centrale qui permet de contempler de part et d’autres les acteurs de ce spectacle incroyable, les regards se tournent vers nous. Combien sont-ils, les étrangers qui pénètrent dans cette enceinte vibrante ici à Bhavnagar ? Ma princesse me répond « Hmm… Aucun ». Exceptées nous.

Et nous sommes là, toutes deux médusées, émerveillées, contemplant et vibrant de cette transe avec eux. C’est la surenchère de sourire et d’énergie au rythme de la musique qui s’accélère.

Toutes ces manifestations célèbrent le festival Navratri. Ce festival célèbre la déesse Durga et sa victoire contre le démon Mahista. Durga est considérée comme la Mère Divine, elle possède le Shakti, le pouvoir féminin absolu et divers avatars. Navratri se déroule pendant 9 nuits et est célébré de différentes façons en Inde. Dans le Gujarat, cette danse sacrée, la Dandiya Raas, symbolise le combat entre Durga et Mahisha.

La déesse

Un peu après, mon prince et ma princesse m’ont guidé dans une ronde et me voilà à mon tour envoutée ! Des rhumatismes, quels rhumatismes ? Envolés !

Et puis à minuit, mon prince et ma princesse nous ont ramenées dans la confortable guest house du CSMCRI. En nous retrouvant toutes les deux en tête à tête, nous essayons de réaliser ce qui vient de nous arriver.

Les dieux sont bien nombreux ici et je ne sais pas quelle divinité nous devons remercier mais c’était un privilège de vivre cela.

Nous partons le lendemain matin et nous sommes toutes les deux d’accord pour dire que le temps passé dans cet endroit était bien trop court. Je veux revenir à Bhavnagar !

Jacqueline dans les airs

Jacqueline Algane, pour vous servir !

New Delhi, le 8 octobre 2010

Namaste mes petits chatons !

Cette fois je vous écrit de New Delhi ! Jacqueline en Inde… c’est incroyable, je sais, moi même il m’a fallu quelques heures  pour réaliser !

Que je vous raconte un petit peu. Nous sommes parties de Londres Heathrow. C’est grand comme une ville ! Du monde, des magasins et des avions petits et gros pour nous rappeler que nous sommes à l’aéroport. Anne-Gaëlle a râlé car elle ne pouvait pas accéder à internet : un peu de désintoxication lui fera du bien. A chaque contrôle on nous demandait si nous allions aux Commonwealth Games. Comme je ne comprends pas l’anglais, je répondais « Ah bon ? », Anne-Gaëlle m’a ensuite expliqué que ce sont les compétitions sportives qui se déroulent en ce moment à Delhi. Je n’ai pas beaucoup aimé le contrôle en chaussettes mais à part cela je dois dire que je deviens assez calée en aéroport je trouve.

Le vol s’est bien passé. Mes aiguilles à tricoter m’ont un peu manqué mais j’ai pris mon mal en patience en regardant des films sur l’appui-tête en face de moi. J’ai mangé mon premier repas indien dans l’avion. Surprenant mais ma foi… ça change. Entre Toy Story et l’Arnacoeur, avec Anne-Gaëlle, nous nous sommes remémorées comment nous en sommes arrivées là… Tout a débuté au cours de l’été 2009, Anne-Gaëlle était dans son jardin :

JA : Bonjour Anne-Gaëlle ! Alors encore en vacances et toujours à ne rien faire ?

AGJ : Bonjour Jacqueline… Je ne suis pas en train de ne rien faire, je viens juste de finir un super bouquin sur le développement durable !

JA : Le développement durable ! Vous me faites rire les écolos. Voilà encore une bien belle expression que vous avez inventée.

AGJ : Ce n’est pas complètement nouveau, la définition date de 1987. A cette époque il y avait eu une commission mondiale sur l’environnement et le développement et la définition apparaît dans le rapport Brundtland, du nom de l’auteur.

JA : C’est bien joli tout ça, mais à chaque fois c’est pour nous dire qu’on ne fait pas bien les choses, qu’on est des assassins de pandas et qu’il faut faire des efforts pour l’environnement. D’une, je ne vois ce que je peux faire, et de deux, pendant des années, on nous a vanté le progrès et tous ces biens de consommation. Ah non mais vraiment c’était mieux avant ! Mais ne compte pas sur moi pour aller laver mon linge à la rivière !

AGJ : Euh… pourquoi tu parles de pandas ? Et il ne s’agit pas d’aller laver son linge à la rivière ! La définition du développement durable c’est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Ce n’est pas que l’environnement. La définition intègre aussi l’économie et l’humain. En gros, il faut qu’on repense nos secteurs d’activités en prenant en compte l’environnement mais ça ne signifie pas forcément du confort en moins ou une économie ralentie.

JA : Vous êtes mignons les rêveurs ! C’est beau l’idéalisme… mais pas très efficace. Crois-en mon expérience sur le genre humain… ça ne marchera jamais !

AGJ : Mais si justement ! Le livre formidable en question, c’est « 80 hommes pour changer le monde » de Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux. Ces deux gars-là sont partis autour du monde en 2003 à la rencontre de personnes qui entreprennent positivement dans le sens du développement durable et ça fonctionne ! Il y a une économie et des emplois à la clé. La démarche est pragmatique tu sais. Je te prête le livre si tu veux, tu vas voir il y a de quoi être optimiste !

JA : Un tour du monde ? Ça alors, vos délires n’ont pas de frontière !

AGJ : Tu sais Jacqueline, dans mon domaine, les algues, il y a aussi plein de chercheurs qui recherchent des solutions pour tous les problèmes que nous avons… Oh mais… Jacqueline… J’ai une idée !

JA : Ouhlala…

AGJ : Je vais faire un tour du monde sur les innovations menées sur les algues dans une optique de développement durable !

JA : Un tour du monde sur les algues ! MAIS QUELLE DROLE D’IDEE !

AGJ : Mais si je t’assure, je ne suis pas spécialiste de toutes les thématiques mais je sais qu’il y a des personnes qui travaillent sur les algues en vue de les utiliser comme source d’énergie ou de nouveaux médicaments, comme moyen de dépollution des eaux, pour nourrir du monde, … C’est parti je vais faire mon sac !

JA : Mais tu ne vas pas partir sur ces inepties ! Tu as dû avoir une insolation ! Ah… je viens de comprendre : tout ça c’est une excuse pour partir encore en vacances !

AGJ : Jacqueline, tu ne me crois pas ? Ben… viens avec moi ! Chiche ?

JA : Quoi ? Un tour du monde à mon âge ? Quoique… ça en boucherait un coin à Ernestine et René ça ! Et puis il doit y avoir de beaux magasins de souvenir sur la route…

AGJ : Attends, je suis sérieuse, si tu viens, il faut que tu m’aides ! On va aller poser directement toutes ces questions aux spécialistes : je filme, tu prends des notes et tu tiens le journal de bord sur internet pour raconter le voyage et donner ton avis ! Chiche ?

JA : Chiche !

Et voilà comment tout a commencé ! Et me voilà dans cet avion en route pour l’Inde ! Mais quelle drôle d’idée sans frontière !

Londres – eh voilà, c’est parti !

Jacqueline Algane, pour vous servir !

Londres, le 6 octobre 2010

Bonjour mes petits chatons !

Je vous envoie une petite bafouille de Londres où nous sommes bien arrivées hier soir ! Eh bien voilà, je crois que cette fois ça y est… Nous nous sommes élancées sur La Route des Algonautes. Nous partons faire un tour du monde à la rencontre des personnes qui utilisent l’algue… pour quoi déjà ? Ah oui… pour « innover et proposer des solutions d’avenir pour les générations futures». Quel programme !

Ça alors, j’ai un peu de mal à réaliser… Quand nous avions évoqué cette idée avec Anne-Gaëlle il y a quelques mois, j’étais loin de penser que cela deviendrait concret ! Mais quelle drôle d’idée ! Et quelle utopie ! Entre nous… Anne-Gaëlle pense qu’il y a beaucoup de potentialités avec les algues. Pour le moment, elles m’inspirent peu : à part les marées vertes, les  algues toxiques et les échouages de goémon (1) qui embaument l’atmosphère et font fuir les touristes, je ne vois vraiment pas à quoi elles servent…

Les derniers jours avant le départ, un seul refrain en tête : « Mais pourquoi j’ai dit oui ! ». Et il y avait tellement de préparatifs ! Le jour du grand départ a fini par arriver… Départ de la Pointe du Raz presque à l’heure prévue (évidemment, changement de sac à dos de dernière minute pour Anne-Gaëlle…) et arrivée de bonne heure à l’aéroport de Brest-Guipavas… jusque là tout va bien.

Découverte de cet endroit, ma foi c’est très ordonné. On m’a demandé de m’enregistrer. J’ai demandé où était le micro, ils ont fait des yeux ronds. Anne-Gaëlle m’a tirée par la manche et nous sommes allées jusqu’à un comptoir où se tenait une demoiselle de prime abord bien sympathique. Elle le fut beaucoup moins à l’instant où elle me demanda de retirer mes aiguilles à tricoter de mon sac et de les abandonner à Brest. Ce premier incident m’a presque fait renoncer. C’est vraiment très ennuyeux car je pensais tirer profit de toutes ces heures de vol pour tricoter des pulls aux couleurs des drapeaux des différents pays traversés.

(Anne-Gaëlle, en aparté : il fait 35°C là où on va Jacqueline…)

En attendant le départ, nous avons mangé un petit morceau (petit car la contrariété m’avait coupé l’appétit). Et à quelques minutes du départ… la surprise ! Les amis de Chrysalide, de l’IUEM et du Cap sont venus nous dire au revoir ! Cadeaux porte bonheur et grosses bises, que d’émotions ! Et je savais bien qu’il fallait que je parle dans un micro à un moment ou à un autre : Guy de Radio Evasion m’a enregistrée dans la petite boîte pour passer sur les ondes ! « C’est gentil d’être venu interviewer Jacqueline mon mignon (2)! ». Ce gars-là avait fait le tour du monde il y a une dizaine d’année, il était parti à la rencontre des bretons du monde, il nous a passé le relais en quelque sorte ! Merci !

Bon je serais bien restée flepper (3) sur le quai mais on m’a dit qu’il fallait que je me dépêche d’embarquer. Hop-là ! Quelques cascades en prenant l’escalator en marche arrière pour faire de grands coucous, un portique à faire sonner, quelques contrôles de billets, un grand couloir, le terre-plein et… le grand escalier ! (Ne me poussez pas… je fais encore quelques grands signes à mes amis et j’y vais !).

C’était la première fois que je prenais l’avion. Brest-Londres, un petit échauffement avant le vol long courrier demain ! Une petite heure de vol que nous avons occupé à papoter (à défaut de tricot). Mais au fait c’est quoi une algue ?

Eh bien ça commence bien ! J’ai découvert que le mot « algue » n’est pas vraiment un terme scientifique : il semble qu’il soit utilisé pour regrouper des organismes très différents. Ainsi par exemple, j’ai appris qu’il y avait 2 grands groupes d’algues :

1.  les microalgues, qui font partie du plancton et qu’on ne peut pas voir à l’œil nu (elles sont microscopiques, mais chez nous on prononce « microscopic »)

2.  et les macroalgues ; au début j’avais écrit maquereau-algue, mais j’ai corrigé : je travaillais dans une conserverie de poisson, si ce genre de bestiole avait existé, j’en aurais été informée ! Les macroalgues sont généralement fixées sur des supports et ce sont les grosses algues de la plage.

Quand Anne-Gaëlle a commencé à me parler de cellules et de divisions, j’ai préféré regarder les nuages. Je ne comprends pas le chinois moi ! J’ai juste retenu qu’il y avait différentes couleurs d’algues :

– des vertes (ah celles-là, on les connaît bien !)

– des rouges

– des brunes

– des bleues !Bon là j’ai définitivement arrêté d’écouter Anne-Gaëlle qui racontait n’importe quoi, certainement à cause de l’altitude ou du mal de l’air ! Des algues bleues ! Attention voilà Gargamel ! Ah Ah Ah !

Anne-Gaëlle a boudé jusqu’à Londres.

Quand nous sommes arrivées, je lui ai dit que je croyais à ses histoires d’algues  schtroumpf mais c’est surtout parce que je ne voulais pas qu’elle me laisse toute seule pour le changement d’aéroport !

Après deux bus, quelques tunnels et escalators, nous nous sommes installées dans un hôtel à proximité de l’aéroport d’Heathrow pour attendre le vol de demain. (Peut-être encore le temps pour essayer de rentrer à la nage ?)

Bon j’avoue que je ne réalise pas tout à fait… pour l’instant je ne comprends pas ce que les gens disent autour de moi. Quant à Anne-Gaëlle, elle plane ! Elle a sauté de joie quand elle a vu la liste des films qui passeront ce soir dans l’avion, tous ceux qu’elle a raté au ciné cette année. Je me demande si elle réalise…

A très bientôt mes petits chatons !

Le départ à Brest-Guipavas

1 goémon : terme utilisé en Bretagne pour désigner les algues

2 mon mignon : expression douarneniste de courtoisie utilisée lorsque le locuteur veut manifester son affection, avec une connotation : «et je connais bien ta grand-mère»

3 flepper : expression douarneniste désignant l’activité physique pratiquée de façon intensive afin d’éviter toute paralysie de la langue